Et la guerre aura eu lieu

Et la guerre aura eu lieu. Il fallait faire plus vite que les inspecteurs de l’ONU. Les Américains auront fait plus long, plus meurtrier, plus destructeur. Et pour l’instant, on n’aura rien trouvé. Pas même les licences américaines pour la fabrication d’armes chimiques.

Il faut désormais reconstruire. Tant pis pour les morts collatéraux, les estropiés d’aujourd’hui et de demain. Tant pis pour le pillage de leur histoire. Tant que le Smithsonian Institute de Washington est à l’abri. Peut-être le badaud aura-t-il l’heur d’y admirer des objets sauvés par de gentils soldats à la tête étoilée. Ah ! Le bonheur de pouvoir voyager dans l’espace en toute sécurité, comme devant un jeu vidéo ! Ah ! L’émotion de goûter aux prémisses de l’humanité, dans une salle aseptisée, vidéo-surveillée !

Le musée de Bagdad aura été pillé, mais pas le ministère du pétrole. Ouf ! Il n’aurait plus manqué que cela ! L’Amérique peut dormir tranquille. On pourra toujours s’acheter des statues mésopotamiennes en plastique et se procurer un musée virtuel sur CD-ROM sans avoir à supporter l’appel du muezzin. A moins de se l’écouter en dolby Surround ou DTS pour éprouver le grand frisson.

Un dictateur est tombé, mais les Irakiens n’embrassent pas pour autant les Américains sur la bouche.

Henri Lafitte, 29 avril 2003