A vous lever le coeur

J’ai eu envie de gerber à la lecture d’une dépêche de l’AFP du 2 mai 2003 « Le patron du groupe britannique Virgin, le milliardaire Richard Branson, s’est offert vendredi une opération de publicité en acheminant lui-même à Bassorah, dans le sud de l’Irak, une cargaison de médicaments destinés aux hôpitaux irakiens. »

Mais où est la décence dans ce monde où la charité spectacle dédouane les tenants de la richesse mondiale de tout travail de fond sur les inégalités croissantes de la planète ? On a détruit un pays au nom de la volonté de faire disparaître des armes de destruction massive que l’on n’a pas trouvées ; on s’accommode aujourd’hui des « bavures » quand les Américains tirent encore sur les civils alors que Georges W. Bush s’offre lui aussi un coup de pub en allant faire le mariole sur un porte-avions. Et il faudrait applaudir ?

Saddam Hussein est tombé mais le peuple irakien veut que les Américains se cassent. Curieux remerciement à l’endroit des libérateurs. A moins qu’il ne s’agisse de l’envers, de la face cachée des occupants, des coloniaux du XXIe siècle qui provoque immédiatement la levée de boucliers des déshérités.

« Souriant, décontracté, charmeur, Richard Branson s’est offert un bain de foule avec les militaires britanniques, a posé avec eux, puis a signé des autographes sur le tarmac de l’aéroport », apprend-on encore. La compagnie Virgin espére mettre en place quatre vols par semaine vers l’Irak : « Nous pensons qu’il y a un marché pour toutes sortes de raison »…

Tout ça au nom des bons sentiments, comme dit la chanson.

Henri Lafitte, 2 mai 2003