Chronique du 11 juin 2003

Le moins qu’on puisse dire c’est que l’appel à la grève lancé par la CFDT pour la journée du mardi 10 juin 2003 n’aura pas eu beaucoup d’écho. Pas un mot sur le plateau du Vingt heures de RFO.

« Privé / public tous ensemble pour rejeter la réforme de la retraite FILLON » avait pourtant clamé le secrétaire général de la CFDT locale. L’appel aura été moins entendu que celui du 18 juin à l’époque des ondes courtes. La mobilisation aura donc tourné court, l’enseignement fonctionnant comme un jour ordinaire. Plusieurs secteurs auront été touchés, dont l’hôpital et les banques. Mais le 10 juin aura été à la mesure de la cacophonie qui prévaut depuis le début ; bien chanceux est celui qui perçoit tous les effets de la réforme annoncée. Une chose est sûre, ceux qui « bénéficient » de l’allocation des vieux travailleurs continueront de percevoir des clopinettes, avec pour emballage l’hypocrisie qui consiste à déduire de leur complémentaire la moindre réévaluation de leur allocation de base. « Le système est jeune », de déplorer fataliste un leader syndical. Et tant pis si les plus anciens se sont fait exploiter pour des prunes. C’est comme ça, que voulez-vous…

Dans un contexte aussi inégalitaire, comment espérer une mobilisation collective, alors que le chacun pour soi est devenu la règle ?

 Est-ce que j’avance pour ma retraite, moi ?

 Vous, oui !

 Ah bon ! Je vous remercie.

Tiens, si Raffarin vient un jour à Saint-Pierre, je parie qu’il n’aura plus de peau sur les mains après avoir serré toutes les paluches qui vont se tendre. Et si je me trompe, eh bien, je battrai en retraite.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
10 juin 2003