Chronique du 12 juin 2003

Nouveau coup de torchon dans le beau linge. Le Président du Conseil général et le Préfet se livrent une guerre ouverte, par média interposé. Objet du litige, le retard dans les travaux publics pour faire vivre le BTP et le désaccord sur le chantier de la piste de Miquelon considéré comme prioritaire par le Président du Conseil, alors que « le dossier n’est pas prêt », de déplorer le représentant de l’Etat. Une divergence qui reposerait sur 1% du montant total disponible pour les travaux de cette année, alors que les deux haut-belligérants (néologisme de circonstance) se répartissent dans leurs serviettes une enveloppe globale de 23 millions d’euros. A ce stade, toutes les guerres sont en effet possibles.

Mais le mal est plus profond. « Il ne faut pas mélanger les torchons avec les serviettes », dit-on. Le problème n’est-il pas de savoir où sont les torchons, où sont les serviettes, le public ayant l’illusion de faire le ménage ?

Reste que les sommes disponibles sont importantes et qu’il est déplorable de constater une tension induite dans un secteur professionnel qui devrait très bien fonctionner. Mais n’a-t-on pas découvert sur le tard la nécessité de rallonger la piste de Miquelon, après la commande du nouvel avion d’Air Saint-Pierre, chargé d’assurer prochainement la desserte inter-îles en retenant prioritairement, mais dans la précipitation, les travaux nécessaires de sécurité ? Comment expliquer alors que le 1% de l’enveloppe puisse cristalliser une telle crispation ? Le conflit ne s’inscrit-il pas en fait dans une atmosphère générale de plus en plus délétère où le quidam en arrive à se demander par vent de suète ce qui pue le plus, des effluves de l’incinérateur ou du climat politique local ?

Mais à Paris, m’sieurs dames, au Parlement, en ce mois de juin 2003, on ne fait pas mieux.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
11 juin 2003