Chronique du 1er juin 2003

– Le musée « Archipelitude » de l’Île aux Marins ouvrira-t-il à nouveau ses portes cette année ? Qui s’en émeut d’après toi?

 Personne n’en parle en effet.

 On pourra se consoler en se payant gratos le chemin de croix, la grotte, le « Mont à regret », le monument aux morts…

 Tu parles d’un fun… Poser le pied sur le quai de l’Île, c’est en quelque sorte passer de vie à trépas.

 Le moins qu’on puisse dire, c’est pas à l’Île aux Marins qu’on va découvrir l’Archipel demain.

 Tu m’étonnes, on ne va tout de même pas faire du passé table rase pardi…

 Mais c’est comme en politique, il y a le passé qu’on retient parce que ça arrange et le passé qu’on efface.

 Explique.

 Faut changer radicalement d’équipe mais c’est toujours à cause du trou qui précède qu’on ne peut pas tenir ses promesses.

 C’est bien connu.

 A l’Île aux Marins, on garde le chemin de croix, mais on oublie le Café Nouvel.

 Pour préserver le repos éternel, sans doute.

 Tu trouves pas que les touristes risquent de partir persuadés qu’on devait se faire chier à l’Île dans l’temps ?

 On pourrait empailler les touristes…

 Ce serait encore plus calme en effet.

 Ils resteraient ainsi plus longtemps…

 Sans réveiller les morts.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
24 mai 2003