Chronique du 9 juin 2003

Je suis au zoo.

Mais dis-moi, es-tu allé au zoo ? Moi si. C’était il y a quelques années, à New York, au zoo du Bronx. J’ai été frappé par les gorilles, imposants de fraternité humaine, tellement dominés par leurs frères hominidés. Comment oublier leur regard, l’intensité de leur écoeurement… ?

J’ai joué le rôle du gorille ce vendredi 6 juin 2003 et le zoo, c’était chez moi. Curieuse autopsie d’une saint-pierritude sur le billard des taxidermistes, diversification oblige. Car l’heure du tourisme de laboratoire a sonné, on vient étudier les indigènes que nous sommes, notre habitat, pour commencer. Viendra le temps des us et coutumes qui nous fera entrer de plain-pied au musée des anthropologues.

Le musée de l’Arche avait organisé en ce début juin 2003 un congrès international d’architecture vernaculaire – rien que l’adjectif te momifie – en liaison avec le Vernacular Architecture Forum de Virginie, aux Etats-Unis.

Ils ont même encore dans leurs villas des lampes à « chisse » (phonétique de lampes à schiste) aurait pu dire l’invitée sur le plateau télé de RFO au journal de vingt heures du 6 juin 2003. Mais il lui faudra un autre voyage pour se pénétrer de nos « mots et expressions », pour reprendre un titre de Marc Derible, notre maître en archipelitude.

Après le dernier des Mohicans, la dernière queue de morue, à quand dans le brainstorming de cerveaux féconds à caméras numériques en quête d’exotisme le dernier des descendants des Terre-Neuvas ? D’ailleurs, mon père, qui s’appelait Raymond, dans leur bouquin, ils l’ont rebaptisé René.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
9 juin 2003