Quand l’aventure est femme

A Saint-Pierre, parler de Maud Fontenoy, c’est comme parler d’une sœur d’adoption dont on se demande ce qui lui a pris. Qu’une jeune femme veuille affronter ainsi l’Océan qui a nourri tant d’angoisses, de larmes, de souffrances en a laissé plus d’un pantois. Certes le rapport à la mer a évolué sur les îles ; les bateaux sont pour l’essentiel des bateaux de plaisance pour échapper à l’enfermement de l’hiver quand reviennent les beaux jours. Direction, Langlade, Miquelon, parfois Terre-Neuve, à la saison des pissenlits.

Mais traverser l’Atlantique à la rame, il faut le vouloir. Et je me surprends à chanter « Souque ferme matelot, souque ferme dans ta vie à vau l’eau », dans un curieux état d’esprit oscillant entre le marin que je voulais évoquer et cette jeune femme qui aujourd’hui se trouve seule avec son défi.

Et c’est ainsi que nous sommes plusieurs à vérifier chaque jour sur [->http://maudfontenoy.free.fr] le cheminement de son périple, à lire le cahier de route, toujours rassurés de vérifier qu’elle est là, qu’elle tient bon, malgré la fatigue, malgré le froid. Terrible chiquenaude au destin ! Qu’elle réussisse son exploit ! Mais il lui faut rejoindre le Gulf Stream et chaque coup de rame semble bien dérisoire.

Intense partage qui permet à chacun de méditer sur l’aventure humaine, surtout quand elle est femme.

Henri Lafitte, 24 juin 2003