Bonheur d’une nuit d’été

Dans la moiteur nocturne de la brume estivale, la Maison Jezequel vibre soudain des premières notes de guitares ; nous sommes à l’Île aux Marins pour le premier des spectacles décentrés des Déferlantes atlantiques, non loin du port de Saint-Pierre que l’on sait être là mais que l’on ne voit plus. Jazz, rythmes manouches, bluegrass sont de la fête grâce au trio formé avec brio par Eric Poitras, Gwen et Thomas Lafitte ; puis ce sera le tour d’Affaire Dom dans un contexte qui met en valeur la voix jazzy de Dominique Bouvier ; Thierry Artur propose alors en exclusivité trois de ses très belles chansons avant de se joindre à la formation de Gérard Boudreau, tout au plaisir de nous livrer la palette de ses émotions de son premier album, dont la sortie est imminente.

La petite salle est pleine ; qu’il fait bon boire, manger, se laisser emporter par les artistes aux arrangements originaux pour les guitares, aux compositions riches et variées pour les chanteurs. Car la création est à l’honneur ; elle tire parti de cette ambiance spécifique à l’Île qui favorise la chaleur communicative. Et le son est excellent.

Moment magique quand soudain, sur le ponton, nous attendons la lueur qui surgira de la noirceur brumeuse pour nous ramener à Saint-Pierre. Et nous sommes là, fantômes heureux, tout au plaisir de nous laisser bercer par l’harmonie des voix des Muses, venues au spectacle, et qui nous font partager, dans notre attente, le bonheur d’une nuit d’été.

Pendant ce temps, Isidor et le Grat’Moutes sont au Rustique, et l’Acadie à l’Infini au Petit Bacchus. Quand nous arrivons rue Albert Briand, sur les pavés humides, au pied des bars, la musique nous enveloppe à nouveau ; la foule est là, impressionnante et la fête continue…

Henri Lafitte, 20 juillet 2003