Chronique du 19 juillet 2003 (2)

A Saint-Pierre et Miquelon, ne vaut-il pas mieux être jeune, riche, beau et en bonne santé que vieux, pauvre, moche et malade ? Ce n’est pas vrai que sur l’Archipel, me diras-tu ô lecteur à la sagacité prête à péter des flammes. Le problème, précisément, est qu’avec un tel tempérament, tu risques de faire flamber l’hôpital en cas d’hospitalisation. Et il n’y aurait pas que l’argent de la sécu à partir en fumée. Imagine alors un malade avec le feu au cul… – je veux te parler de celui qu’il aurait avant d’entrer -, cela ne ferait qu’une traînée de poudre et hop ! Tu imagines la suite pour les pensionnaires.

« Pas juste, pas normal, pas digne de la République d’hospitaliser des malades dans des conditions de vétusté qui sont inacceptables », a déclaré le président de la Fédération nationale de la mutualité française, de passage à Saint-Pierre, sur les ondes de RFO, le 18 juillet 2003, c’est te dire qu’il y a le feu… et ça ne nous rassure pas, surtout avec la flambée du prix de journée.

Tu te souviens pourtant que la dernière campagne électorale pour le renouvellement du Conseil général, s’est jouée sur la construction du nouvel hosto. C’est comme si le projet était allé paradoxalement depuis au marché Saint-Pierre. (Tiens, je te conseille « Le parler des métiers » de Pierre Perret, s’il y a là quelque chose qui t’échappe)

Bref Saint-Pierre trépigne, chaque hospitalisé en puissance risquant un jour d’en sortir les deux pieds en avant, prêt à remplir une urne avec son bulletin de santé.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
19 juillet 2003