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Chronique du 24 juillet 2003

Le 9 août 2003, s’ouvrira en France la chasse aux canards sur le « domaine public maritime », par décision du Gouvernement. Pour tirer sur ces volatiles à l’intérieur des terres, sur grives, bécasses et autres pigeons, il faudra attendre toutefois fin août ou septembre, c’est te dire si le bord de mer est plus enchanteur pour veut canarder.

Le Bas-Rhin fait l’objet d’une mesure particulière qui aura retenu mon attention, ô lecteur intrigué. 24 espèces en mauvais état de conservation seront interdites de chasse. Je passe sur la barge à queue noire, bien que tu puisses me trouver parfois complètement… barge, sur l’alouette des champs, même si dans mes divagations « au chant de l’alouette je veille et je dors », le chevalier gambette qui en avait sans doute plein les pattes d’être chassé, l’oie rieuse qui riait sans doute jaune, le râle d’eau qui aurait eu raison de râler et autre huitrîer pie. La harelde de… Miquelon, petit canard à bec menu, tête ronde et longue queue pointue, fait aussi partie de la liste. C’est te dire si je comprends l’interdiction de porter atteinte à un oiseau doté d’un tel patronyme.

Que notre nom soit associé à ce qui risque de disparaître te prouve la fragilité de notre existence terrestre, même en bord de mer. D’ailleurs, si tu vas sur le quai du Commerce, ton regard est immédiatement attiré par un amoncellement de roches massives.

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Tiens, voilà qu’ils mettent le caillou en pièces, me suis-je dit. Puis j’ai pensé à la nécessaire protection du littoral de la grande île, celle qui fait que sans elle Saint-Pierre plongerait dans le vide insondable de l’anonymat. Saint-Pierre…, et alors ? demanderait-on alors.

Et où irait-on chasser s’il n’y avait plus de bord de mer, sans te parler des filles qui y sont toujours chouettes, comme aurait dit Adamo ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
24 juillet 2003