Chronique du 4 juillet 2003

Ainsi vont les temps modernes relookés qu’un homme qui avait son « franc-parler » en étonne plus d’un, une fois qu’il est mort, naturliche. Surtout quand il s’agit d’un homme politique. A croire que parler franc, dans la haute sphère des mots bridés, relève de l’acte de bravoure.

Il est vrai qu’en des temps où l’on nous condamne aux propos aseptisés, appeler un chat un chat a de quoi vous époustoufler. Mais l’art du parler vrai dérange moins une fois que le locuteur s’est tu pour l’éternité. Vivant, l’enthousiasme était moins général. Il n’est que de rappeler l’explosion dans le landernau quand Albert Pen s’en prit à ceux qui pensaient d’abord aux « vacances à la Barbade ». Mobilisation de la fonction publique! C’était en 1983 et l’Archipel connut alors une de ses crises les plus profondes au point qu’on menaça de « crucifier » sur le capot d’une voiture le fauteur de troubles. Mais comme Jésus-Christ, il ressuscita au troisième jour.

Non à l’assistanat ! Pas question de mettre le drapeau dans sa poche ! En avant pour un nouveau statut ! Il est amusant de voir comme on peut louer aujourd’hui ce que l’on refusait d’admettre il y a de cela moins de vingt ans.

Mais la politique permet toutes les contorsions. Et c’est fou ce que l’Archipel compte de « grands hommes disparus ».

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
3 juillet 2003