Chronique du 19 août 2003

Bon, je sais, tu me diras que l’été ne se prête pas aux masturbations… du bulbe. Priorité à l’insouciance et au farniente, comme si le cycle des emmerdes épousait celui des saisons. Tu n’as peut-être pas tort , après tout. Le mot « rentrée » n’a-t-il pas pris au fil des ans une autre acception que celle de rentrée des classes ? Comme si le retour aux enfers était inéluctablement incontournable.

Mais la canicule est venue perturber en France comme au Portugal le doux ronronnement des vacances à la plage ou sous les ombrages des massifs rescapés des flammes. 5000 décès en terre hexagonale, niés dans un premier temps par les autorités, puis soudain reconnus par le ministre de la santé comme « hypothèse plausible » et le Premier Ministre de replonger illico dans le marigot, même en plein cœur de la sécheresse. L’été n’est pas encore forclos, voilà un haut fonctionnaire qui trinque parce qu’on n’a pas donné suffisamment à boire à nos aînés, les malheureux, eux si habitués à boire les paroles de nos gouvernants. Manque de bol, ces derniers se sont tus en pleine saharisation et cela aura été l’hécatombe.

Aussi, en cette fin d’été perturbée, te conseillé-je un bouquin propre à te faire frémir – si d’aventure tu as trop chaud – sans aller jusqu’à dire toutefois comme Bernard Kouchner en quatrième de couverture – tiens, un ancien ministre de la santé -, qu’il s’agit là d’ « un livre drôle à hurler ». en fait, il y est plutôt question d’humour noir, comme le sous-entend certainement l’analyste, « à lire pour ne pas mourir idiot », comme le signale dans la foulée un autre lecteur.

Qui de la guéguerre dans le transport maritime entre Saint-Pierre et Miquelon, me demanderas-u ? Doucement les basques, un peu de recul n’a jamais fait de mal à personne quand rien n’avance.

Ah ‘ J’oubliais. Le bouquin en question : Jean Bacon, « Les saigneurs de la guerre ». – Sous-titre : « Brève histoire de la guerre et de ceux qui la font » – Editions : Phébus. On peut tous se sentir concernés, même sur nos îles. Pour te mettre sur la piste (sans la rallonger), « ce livre est dédié aux centaines de millions de morts des guerres passées, présentes et à venir ».

Plus désopilant, tu meurs.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
19 août 2003