Chronique du 5 août 2003

Faute de ressource, le crabe des neiges faisant cruellement défaut – normal, dira un plaisantin, avec la canicule, la neige a fondu et le crabe avec -, les Nouvelles Pêcheries sont donc fermées depuis le 31 juillet 2003, sept employés sur neuf ayant été remerciés. La situation économique de Saint-Pierre et Miquelon révèle donc une fois de plus sa fragilité. Dans son bulletin de conjoncture de juillet 2003, l’I.E.D.O.M. (l’Institut d’Emission des Départements d’Outre-Mer) soulignait déjà la baisse inquiétante des exportations pour le premier semestre. « Les exportations, qui témoignent de l’activité dans le secteur de la pêche, accusent un recul de 46,31% par rapport au deuxième trimestre 2002, en raison d’une baisse des exportations de crabe des neiges. » Depuis l’effondrement de la pêche à la morue, les îles ont du mal à stabiliser une activité de substitution dans le même créneau de compétences. Or, le crabe des neiges était considéré, pour reprendre une expression de l’I.E.D.O.M., comme « une des voies privilégiées de diversification ». A noter également que l’on ne parle plus, comme en mai dernier, d’une recherche de la ressource dans des eaux plus lointaines.

Mais n’est-on pas, d’une manière plus générale, du fait de l’inconscience humaine, trop longtemps incontrôlée, en train de racler les fonds et de préparer des lendemains encore plus douloureux ? Après la dernière queue de morue, la dernière pince de crabe, le dernier œuf de lompe, la dernière queue de homard ? Pour la raie, on pourra se consoler en se disant qu’il en restera au moins une espèce. Mais attention toutefois aux risques inhérents à la rupture de la chaîne alimentaire.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
4 août 2003