Chronique du 7 août 2003

Quel est le coin de France où, en ce mois d’août 2003, il ne fait pas trop chaud, pas trop sec, où l’on peut profiter d’un banc de brume pour se reposer du soleil, où l’on peut dormir fenêtre ouverte ou fermée, au choix, sans pression météorologique particulière, faire un footing sans tirer la langue au premier kilomètre, dire bonjour aux phoques, manger du capelan de l’année, boire un pif, profiter du PAF, s’asseoir sur un pouf, ou sur chaise longue en plastique, imaginer Jacques et Bernadette Chirac dans leur cabane au Canada, penser à Maud Fontenoy qui rame, qui rame, se remémorer un juillet musical, pousser un landau sur une chaussée fraîchement asphaltée, s’offrir une brochette de thon rouge, profiter du repos des politiques, rencontrer un Tchèque, une Australienne, un Américain, un Parisien, un Ontarien, un chrétien, un païen, un mine de rien, hein ? Je te le demande.

Saint-Pierre et Miquelon ? Je te félicite pour ta connaissance géographique qui sort des sentiers battus. Un P’tit coin d’Paradis », « Et le coin d’parapluie », diras-tu. Eh oui ! La vie peut être belle.

Mais fais gaffe aux apparences. Ne te laisse pas emporter par une déferlante d’enthousiasme qui te submergerait. Et le protocole de Kyoto, ça te dit quelque chose ? Tu sais, l’accord pour essayer de combattre l’effet de serre que ni Georges Bush, ni Vladimir Poutine ne veulent signer… Tu sais, l’effort international nécessaire pour se dire qu’on est tous sur une même planète et qu’on joue…avec le feu. Pense au sud de la France, au Portugal, à la Colombie britannique. La terre se réchauffe. Et la mer peut monter. Et si la mer monte, que se passera-t-il ?

D’ailleurs, notre Président (je mets une majuscule, car il a su dire non à Georges Bush, oui à l’ONU) se pose la question, alors qu’il est en vacances dans l’Estrie, au Québec, si tous ces fléaux météorologiques ne sont pas liés au réchauffement de la planète. Alors, on aurait sans doute tort de ne pas lui coller aux pompes (y’a l’feu) dans sa réflexion, y compris dans notre petite bulle d’apparence, non ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
7 août 2003