Chronique du 8 septembre 2003

Imagine la scène : Je te débaptise, au nom du père, du maire et du saint-esprit, pendant qu’on y est.

Car pour baptiser une rue, histoire d’honorer le maire de Paris, Bertrand Delanoé, en visite à Saint-Pierre, il aura bien fallu débaptiser. Pauvre Raymond Poincaré jeté fissa aux oubliettes de l’Histoire (insulaire, je précise, car il y a bien d’autres villes avec une rue Raymond Poincaré), lui qui porta « l’Union nationale », vrai républicain pour la gauche, vrai patriote pour la droite, l’homme des rapprochements possibles par conséquent, du aimez-moi les uns les autres, en quelque sorte, mort en 1934 à l’âge de 74 ans !

Adieu Poincaré, place à la rue de Paris, car manque de bol pour feu Raymond, son nom était celui de la rue de l’hôtel de ville. Et Karine Claireaux, le maire de Saint-Pierre, de dénuder (ou de dévoiler, comme tu veux) officiellement la nouvelle plaque en ce 8 septembre 2003.

Mais les noms, quels qu’ils soient ne sont-ils pas voués à la gomme à effacer du temps qui passe ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
8 septembre 2003