Chronique du 4 octobre 2003

Ainsi donc (tiens, je commence par la conclusion pour ne pas te laisser sur ta faim), pour reprendre une des bonnes nouvelles de la semaine, Miquelon vendra bien sa coquille. Or sais-tu que « vendre bien sa coquille » signifie « tirer un profit exagéré de quelque chose » ? Il est évident que dans ce cas, la pérennité d’une telle activité s’en trouverait compromise. Il faudra donc la vendre mal, en déduiras-tu, ce qui ne peut être que désastreux, si l’on s’en tient au pied de la lettre. Mais comment faire alors ? Vendre ou ne pas vendre, telle sera la question.

Comme quoi la parole accompagne toujours l’action humaine pour venir parfois la perturber. Mais le Verbe étant chair, il reste au moins toujours quelque chose à se mettre sous la dent.

Plus question en tout cas de rester désormais dans sa coquille, en courant le risque d’être vendu comme une vulgaire noix, ou d’être mangé, grillé, poché, pané, sauté, étuvé, frit ou mariné, comme un mollusque. Il faudra en sortir.

Et l’intérêt, c’est qu’une telle transformation, ça n’a pas de prix.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
4 octobre 2003