Chronique du 6 octobre 2003

Le sujet ne m’avait pas échappé, mais j’attendais que cela se décantât. Je veux te parler (j’allais dire « t’entretenir », mais faut pas exagérer) de la fuite de fioul survenue récemment à Miquelon, qui aura provoqué une pollution certaine, soulignée d’ailleurs en première de couverture par le journal « L’Horizon » d’octobre 2003 : « Pollution fioul – Une fuite imbibe le sol et atteint la nappe d’eau ».

70 000 litres, selon la Préfecture, se seront donc échappés d’une conduite EDF, la « surface de ka nappe phréatique polluée » s’étendant « sur une longueur d’environ 400 mètres et sur une largeur de 120 mètres », comme le rapporte le mensuel de Miquelon, ce qui, compte tenu de la longueur totale du village que tu vérifieras en faisant une balade (occasion pour toi de venir faire un tour sur nos îles si tu es de l’extérieur), n’est pas négligeable. (la phrase est un peu longue, mais c’est pour t’inciter à faire du sport)

Du coup, « plusieurs équipes sont chargées de suivre son évolution », nous précise-t-on encore. « Un contrôle olfactif et visuel est effectué chaque semaine ». On s’attend donc aux constats suivants :

1ère semaine :

 Qu’est-ce que ça sent ?

 Hum ! Ça sent le fioul.

2e semaine :

 Qu’est-ce que ça sent ?

 Hum ! Ça sent le fioul.

3e semaine :

 Qu’est-ce que ça sent ?

 Hum ! Ça sent le fioul.

Plusieurs semaines après

 Qu’est-ce que ça sent ?

 Hum ! Ça sent… la merde.

Forcément, à force d’y être, ça finit par sentir.

Bref, il y avait une fuite, liée nous dit-on à « une cale de bois, retrouvée sous la tuyauterie lors des réparations » et à la rouille subséquente. Et dans la foulée – puisque l’on inspecte enfin les lieux, à pied, à cheval, en voiture, on apprend que Miquelon 1 « en service depuis 1982 » est en meilleur état que Miquelon 2, « en service depuis 1991 ». Faudrait pas qu ‘il y ait Miquelon 3, car ils auraient les cuisses propres, de commenter un « ironisateur » (après le lancement de choix de « trahisseur » lors d’une interview sur un plateau télé, pourquoi pas ce mot, après tout ?) Tant qu’ils ne se lancent pas dans une centrale nucléaire, on pourra respirer, d’ajouter un autre.

On n’a pas trop d’idées sur tout ce qu’il y a à faire – à commencer par les opérations de dépollution -, mais au moins on a du pétrole, ce qui renverse la vapeur de l’ordinaire.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 octobre 2003