Ah ces hommes politiques ! A commencer par le premier second d’entre eux – forcément puisqu’il est nommé par un autre -, je veux parler du premier ministre de son état, celui qui est à la tête de l’Etat, le nôtre, le débastillé. Pour répondre aux difficultés économiques que la France rencontre, voilà qu’ « on ne peut pas parler de récession, mais de croissance négative », euphémise-t-il. Comment ne pas aimer la langue française quand elle nous le rend si bien ?
Aussi allons-nous, si cela t’agrée, ô lecteur, inclure dans nos réflexions, les évolutions lexico-syntaxiques suivantes (penche-toi sur l’adjectif en question si cela te chaut). Au lieu de :
vieillissement, rajeunissement inversé ;
appauvrissement, enrichissement rétro-propulsé ;
licenciement,, recrutement négatif ;
oppositions politiques, synergies réfractées ;
promesses politiques, concrétisations différées ;
missions ultra-marines, explorations anthropologiques ;
désenclavement, un décollage plafonné ;
la mort, une retraite économique ;
une bonne santé, une économie mutualisée ;
une économie, une dépense différée ;
une dépense différée, une atteinte à l’économie ;
une atteinte à l’économie, une dépense inflationniste ;
une dépense inflationniste, une économie impossible ;
une économie impossible, une dépense prématurée ;
une dépense prématurée, une connerie.
Mais nous conserverons le mot « déconnage » tel qu’il est pour faciliter notre écoute eupeptique des endormisseurs (pourquoi pas un autre néologisme ?) du populo.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
9 octobre 2003