Chronique du 9 octobre 2003

Ah ces hommes politiques ! A commencer par le premier second d’entre eux – forcément puisqu’il est nommé par un autre -, je veux parler du premier ministre de son état, celui qui est à la tête de l’Etat, le nôtre, le débastillé. Pour répondre aux difficultés économiques que la France rencontre, voilà qu’ « on ne peut pas parler de récession, mais de croissance négative », euphémise-t-il. Comment ne pas aimer la langue française quand elle nous le rend si bien ?

Aussi allons-nous, si cela t’agrée, ô lecteur, inclure dans nos réflexions, les évolutions lexico-syntaxiques suivantes (penche-toi sur l’adjectif en question si cela te chaut). Au lieu de :

 vieillissement, rajeunissement inversé ;

 appauvrissement, enrichissement rétro-propulsé ;

 licenciement,, recrutement négatif ;

 oppositions politiques, synergies réfractées ;

 promesses politiques, concrétisations différées ;

 missions ultra-marines, explorations anthropologiques ;

 désenclavement, un décollage plafonné ;

 la mort, une retraite économique ;

 une bonne santé, une économie mutualisée ;

 une économie, une dépense différée ;

 une dépense différée, une atteinte à l’économie ;

 une atteinte à l’économie, une dépense inflationniste ;

 une dépense inflationniste, une économie impossible ;

 une économie impossible, une dépense prématurée ;

 une dépense prématurée, une connerie.

Mais nous conserverons le mot « déconnage » tel qu’il est pour faciliter notre écoute eupeptique des endormisseurs (pourquoi pas un autre néologisme ?) du populo.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
9 octobre 2003