Chronique du 13 novembre 2003

Aujourd’hui était jour d’élections à Saint-Pierre et Miquelon pour choisir les administrateurs de la Caisse de Prévoyance Sociale. Les bureaux de vote habituels étaient donc ouverts et chacun pouvait donc s’y présenter avec sa carte d’électeur à scrutin unique fraîchement imprimée.

Chacun sauf celui qui ne pouvait pas accéder au bureau de vote. C’est ainsi, ô lecteur, que nous fûmes témoins d’une personne munie d’une canne gravissant à genoux l’escalier de la Salle des fêtes, faute d’une rampe appropriée. Faudra-t-il que quelqu’un se pète la gueule – toutes assurances de sécurité sociale étant garanties par ailleurs – du haut de cet escadrin public pour que les mesures ad hoc soient enfin prises ? Faudra-t-il attendre l’analyse d’un expert extérieur pour enfoncer la porte ouverte de l’inaccessibilité d’un point clef de la démocratie aux handicapés et autres personnes à mobilité réduite ? Faudra-t-il que le sort de nos politiques risque de se jouer à une voix près pour bousculer les bien portants ?

Certes il aurait été possible d’ouvrir la porte de secours donnant de plain-pied sur l’autre rue. Mais il aurait fallu imaginer alors un rideau pour couper le vent, de quoi nécessiter sans doute une mission, un rapport, un contre rapport, une analyse, dix réunions, une délibération… Tu vois un peu la complexité de la situasse.

La participation aura été moindre que la fois précédente – moins de 50% -, la CFTC arrivant nettement en tête, signe que les usagers respectent le sérieux de la démarche qui aura fait ses preuves, la CFDT n’ayant pas réussi à convaincre lors de la prestation télévisée récente de son porte-parole. Alléluia ! comme il le disait lui-même.

A moins qu’il ne se fût agi d’un « Allez Luia », sauf que personne n’aura su qui était Luia (que même mon correcteur orthographique me propose Lula, mais c’est dans un autre pays)

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
13 novembre 2003