Chronique du 26 novembre 2003 (2)

Hou ! hou ! Mais c’est pas bien ça mon Sarko. Pousser son grand calife dehors en lui disant « ôte-toi de là que j’m’y mette », c’est pas des manières, surtout quand on est vizir. Une fois «qu’on a donné ce que l’on se sent capable de donner pour son pays, pour sa ville, pour sa circonscription, il est sage, par une limitation dans le nombre de mandats dans le temps, qu’on laisse la place aux autres», as-tu déclaré sans faire de chichi.

Mais tu ne crois pas que tu y vas fort, mon Sarko ? Imagine la maire de Saint-Pierre répondant au journaliste en chef – on a su que c’était lui le chef du bureau d’information puisqu’il l’a dit et répété à madame la maire dans son émission 52 minutes pour convaincre :

 Serez-vous candidate aux sénatoriales ?

 Oui, monsieur Bernadelli (mais tu remarqueras qu’elle n’a jamais dit « monsieur Bernadelli »)

 Mais monsieur Plantegenest a dit qu’il allait se présenter. (tu remarqueras que je ne mets pas Marc comme il a pu dire Gérard)

 Oui, mais ça suffit, il est temps de faire place aux jeunes. Je me présente.

Tu imagines les effets d’une telle réponse qui est, je te le rappelle, en l’occurrence tout à fait fictive, inimaginable, impossible, tant sont forts les liens qui unissent les parties d’un parti, sans parti pris.

D’ailleurs, madame notre maire n’a pas répondu, c’est te dire. Certes on aurait pu entendre :

 Serez-vous candidate aux sénatoriales ?

 Non, monsieur Bernadelli. Monsieur Plantegenest a dit qu’il allait se présenter. C’est lui le chef.

Mais on n’a rien entendu de tel. Alors, mon Sarko, que penses-tu de cela ? Sommes-nous à Saint-Pierre et Miquelon dans une démocratie folle toi qui a précisé, je te cite, à propos de Chichi : «Oui», il est favorable à «une limitation du nombre de mandats dans le temps», comme c’est le cas dans les «démocraties sages» ?

Il ne serait pas temps de tout renouveler ? Tu as peut-être raison après tout, mon Sarko. Et si quelqu’un t’entendait sur l’Archipel, histoire de t’imiter pour «faire respirer la démocratie» ?

Enfin, si tu considères que pour la faire respirer, il faut en arriver à dépoussiérer… A moins que tu aies compris qu’il ne fallait pas te faire piéger par ton Président – qui est aussi le nôtre je te le rappelle – ; c’est peut-être ça le début de la sagesse.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
26 novembre 2003