Chronique du 29 novembre 2003

Bon anniversaire notre Jacquot (je dis « notre » par respect collectif, « mon » eût été trop possessif). Car tu nous permettras bien cette familiarité toi qui es venu à deux reprises sur nos îles au point qu’on peut se demander pourquoi tu n’es pas citoyen d’honneur. Bon, tu as 71 piges, tes potes te souhaiteront lundi un joyeux anniversaire autour d’un pot. N’y vois surtout aucune malice ; ce n’est pas parce que tu es un peu sourdingue.

Tu es notre éléphant à nous, même si tu n’es pas tout rose. Pourquoi s’empresser à choisir un Sarko de 49 balais qu’on sera peut-être amené à supporter pendant…, pendant…, hein ? Allô ! Tu m’entends ?

De grâce, ne fais pas la sourde oreille ! Tiens, représentes-toi ! Dame-leur le pion à tous ces blancs-becs ! Et, cerise sur le gâteau, refais-nous le coup de la cohabitation. Demande à Bertrand Delanoë d’être premier ministre. Comme ça, on fera deux citoyennetés d’honneur de Saint-Pierre d’un coup. On pourra même donner ton nom à une rue, avec une bonne fracture de bitume au milieu en guise de symbole.

Pour te rassurer, au siècle dernier, un candidat aux législatives à Saint-Pierre et Miquelon avait jeté dans le trognon à Victor Reux, sur le plateau télé, qu’il était vieux. Pan ! dans la tronche du jeune ! Et notre Victor, même s’il n’a pas été élu cette fois-là – mais le jeune encore moins – s’est retrouvé un jour sénateur et il l’est encore aujourd’hui. Alors, dis à Sarko qu’il devrait méditer sur cette page d’histoire ultramarine.

Enfin, si tes feuilles, mon Jacquot (Je dis”mon”, parce que c’est une confidence dans l’esgourde), commencent à mourir, dis-toi que les feuilles mortes se ramassent à la pelle..

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
28 novembre 2003