Au Québec, on l’appelle “le bâillon”.

En France, on l’appelle 49-3 ; au Québec, on l’appelle le « bâillon ». Dans les deux cas, il s’agit d’une disposition réglementaire qui permet au Gouvernement de passer en force en faisant fi de tout débat démocratique, toujours en vertu des grands impératifs, naturellement.

En France, Raffarin s’en est servi, comme d’autres d’ailleurs (à l’exception de Lionel Jospin, je te le signale en passant) ; Jean Charest l’utilise au Québec en ce mois de décembre 2003. Reconnaissons toutefois que l’appellation contrôlée québécoise est moins hypocrite que la française, car le terme est pour le moins sans équivoque.

Certes les gouvernements sont issus de majorités, elles-mêmes sorties des urnes. Mais sont-ils pour autant dispensés des débats nécessaires dans des contextes forcément évolutifs ? Ajoutons que la prise de conscience est parfois décalée par rapport aux consultations. Le mandat électif n’est donc pas un blanc-seing dispensant le détenteur de l’autorité des débats contradictoires.

L’obstination à passer coûte que coûte exacerbe alors la contestation et les rancoeurs et vient le temps des atterrissages forcés pour qui croyait planer au-dessus de la mêlée.

Henri Lafitte, 17 décembre 2003