Chronique du 19 décembre 2003 (2)

Les amateurs de croissants chauds et de baguettes tendrement sorties du four auront eu droit à leur part de… politique en ce petit matin du 19 décembre 2003. Sur le comptoir, entre la flûte et le pain de campagne, un feuillet du parti socialiste invitant les bons Français que nous sommes à aller voter.
« En 2004, votez !, martèle le papillon.

« Trois occasions d’aller voter », « trois occasions de dire non », « trois occasions de dire oui ». « Les élections cantonales et régionales auront lieu en mars 2004. Les élections européennes se dérouleront en juin 2004. »

Mais pour nous, à Saint-Pierre et Miquelon, les cantonales et les régionales, bernique. Pas avant 2006. Et c’est dommage. Sans doute eût-il été intéressant, alors que les esprits sont troublés, d’avoir une fois l’occasion de dire non, une fois l’occasion de dire oui. Car si au niveau national, les cantonales et les régionales sont vues par le Parti socialiste comme l’occasion rêvée de « porter un jugement sur la politique voulue par Jacques Chirc et mise en œuvre par le gouvernement Raffarin », que nous reste-t-il à nous, ultramarins recroquevillés sur nos rochers, pour porter un jugement sur nos propres gouvernants ? Ne faudrait-il pas instaurer une consultation intermédiaire, histoire de se croire en démocratie ?

Il nous restera les européennes, une façon de dire non à Georges Bush, peut-être. On se rabat sur ce qu’on peut.

Quant aux sénatoriales, pas un mot sur cette consultation, puisqu’elle se joue dans les coulisses de l’hypocrisie. Où est le temps où Lionel Jospin qualifiait cette institution d’ « anomalie parmi les démocraties ». Aujourd’hui, les socialistes s’y précipitent. Il arrive même d’entendre, y compris localement, qu’on les y pousse. C’est te dire.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
19 décembre 2003