Chronique du 21 décembre 2003 (2)

C’est aujourd’hui dimanche, comme le dit la chanson. Mais tu as intérêt à en profiter vu que c’est le dernier de l’avent. Après, ce sera trop tard, Noël sera passé. Qu’il n’y ait plus d’après à Saint-Germain des Prés ne consolera jamais celui ou celle qui avant Noël s’attendait à des lendemains qui chantent en ayant déchanté devant ses paquets.

L’important c’est la différance, avec un « a » comme disait Derrida (plaisanterie que tu ne dois pas craindre de ne pas comprendre). Je te la fais comme ça, gratuitement, en passant, vu que c’est une des seules choses gratos dont tu peux bénéficier en ces jours d’emplettes forcées. Mais rassure-toi, on peut s’en passer et ainsi faire l’économie de la réflexion en passant immédiatement à ce qui suit.

Tu t’achèteras peut-être des huîtres, même si elles ne sont pas données. 7 euros de fret pour un kilo d’huîtres fraîches que l’importateur a dû payer, ai-je appris. Je suis une huître ! me suis-je alors exclamé en me laissant avoir. C’est cher, m’aurais-tu signalé si tu avais été là. Console-toi en prenant un petit fret, mais attention, tu ne seras pas très frais si tu es obligé de te rabattre sur une piquette abordable faute de pouvoir te payer des crus à des prix qu’on n’peut pas croire. Fais gaffe ! Un verre ça va, deux ça coûte davantage et c’est toujours le fret qui tue. Tu auras remarqué qu’envers et contre tout malgré la dégringolade du dollar, les prix à Saint-Pierre et Miquelon n’ont pas baissé. Où est le bon temps où l’on avait encore l’illusion du contrôle des prix ?

Tu ne pourras accuser personne qu’on te mène en bateau, puisqu’il n’y a plus de bateau. Et pour trouver un pilote qui ne soit pas en rade, tu dois obligatoirement t’envoyer en l’air. Quel délice même s’il est passager quand un convole en prenant l’avion, surtout si tu es celui-là ! Des cons volent à terre, en prenant leur pied, mais ce n’est pas une raison de prendre le café du pauvre.

Bref, Noël approche, ce sera l’occasion de se remplir la hotte, histoire de croire au Père Noël, pour quelques heures.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
21 décembre 2003