Chronique du 8 décembre 2003

Eh bien, nous serons quatre. Saint-Pierre et Miquelon avait ouvert la voie en 1985 avec le premier statut de Collectivité territoriale dans l’Histoire de France, ce qui nous laisse une place de choix dans un alinéa d’une dernière page des futurs manuels, celle que les élèves n’aborderont jamais, faute de temps. Puis il y eut Mayotte. Et demain, Saint-Barthélemy (6850 habitants) et Saint-Martin (29 000) qui se détacheront ainsi…, je te rassure, de la Guadeloupe.

La Martinique et la Guadeloupe auront dit non. Et paradoxalement, les petites îles, oui. Pourquoi ? Tu t’en souviens peut-être, Saint-Martin avait envoyé une délégation à Saint-Pierre et Miquelon il y a une vingtaine d’années. Vingt ans après, l’idée aura fait son chemin. A la Guadeloupe, plus de vingt ans de Lucette et les Guadeloupéens auront dit niet. A la Martinique, le score aura été plus serré.

Preuve que Martiniquais et Guadeloupéens auraient dû se rapprocher davantage de leurs frères ultramarins. Sommes-nous moins Français dix-huit ans après ? Qu’il y ait un vote sanction contre un pouvoir politique statufié, ça peut se comprendre, non ?

Martiniquais et Guadeloupéens auront opté pour le non. Mais au moins auront-ils été consultés. En 1976, le statut de département nous était imposé sans consultation, ce qui nous aura amenés, pour vivre à la française dans l’Atlantique nord, à nous battre pour un nouveau statut. Parmi les plus ardents défenseurs de l’application du statut de Collectivité d’aujourd’hui à Saint-Pierre et Miquelon, ne trouve-t-on pas des ardents partisans du non d’hier ?

Car les clivages ne sont-ils pas le plus souvent humains , surtout en politique?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
8 décembre 2003