Chronique du 9 décembre 2003

C’est qu’ils ont un courage permanent les intermittents du spectacle. Ils étaient encore dans la rue à Paris en ce 8 décembre 2003 pour réagir contre la remise en cause du système d’indemnisation qui leur permettait la plupart du temps de survivre, exception faite d’abus que tout système, quel qu’il soit, peut engendrer.

Mais faut-il remettre en cause tout un dispositif parce quelques profiteurs sans scrupules tirent les marrons du feu ? Parce qu’on a peur de régler le problème des abus identifiables ? N’est-il pas plus tentant de noyer le poisson que de régler un abus clairement identifié ? N’est-ce le travers que l’on a pu voir parfois à l’œuvre à l’école quand il est plus facile de punir une classe victime d’une perturbation que le perturbateur, surtout s’il faut prendre le temps des vérifications nécessaires ? Faut-il punir tous les retraités de la fonction publique outre-mer sous prétexte de mettre fin aux abus de ceux qui découvrent l’existence des régions ultramarines au moment de faire dorer leurs picaillons au soleil ? Faudrait-il remettre en cause les évacuations sanitaires sous prétexte de régler le problème de faux malades professionnels ?

« Santé, culture, éducation, même combat » scandaient les manifestants.

Les intermittents du spectacle en colère, engagés depuis plusieurs mois dans leur combat, auront demandé l’arbitrage du président de la République. Restera-t-il sourd à leur requête ? Il est parfois des logiques folles qui condamnent à la surdité. Et lorsque l’on tend soudain l’oreille, sourd alors le bruit assourdissant des dégâts dont on aurait pu faire l’économie.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
8 décembre 2003