Chronique du 12 février 2004

Que je te cause un peu des médias, en particulier de France 2 en pleine tempête parce qu’au journal télévisé du 3 février 2004, qui n’entrera que dans la petite histoire d’une France pudibonde, la rédaction avait misé sur le retrait progressif de Juppé alors que sur TF1 ledit Juppé finissait par dévoiler que, bon, après tout, avec toutes les mamours, les « je t’aime » et autres câlineries il décidait de rester.

A tel point qu’aujourd’hui personne ne table vraiment sur le fait qu’il reste vraiment et que tout le monde s’accorde pour reconnaître que c’est une vraie fausse décision chargée de poudre aux yeux, de montage médiatique et de coup fourré. Crois-tu que Sarkozy se soit laissé berner, lui ?

Bref, fallait-il que l’on manifestât (tiens, un subjonctif imparfait pour l’occase) une telle défiance envers un compte-rendu qui, après tout n’était peut-être pas si éloigné de la vérité ? Mais la télé française publique ne souffre-t-elle pas tout simplement de tous ces gants qu’il faut prendre constamment avec ceux qui ont toujours à leur disposition un téléphone rouge pour essayer de déboulonner le malotru qui aurait pu dire : « Monsieur Juppé, pensez-vous vraiment être encore crédible ? » Imagine l’effet boeuf d’un : “Alors monsieur Juppé, qui l’eût cru, vous êtes cuit ?”

Que Juppé parte ou reste, n’est-on pas perpétuellement confronté à la présence de l’éternel absent ?

« Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a adressé jeudi une mise en demeure à France 2 pour lui demander de se conformer à son cahier des charges, qui requiert une «honnêteté de l’information» », apprend-on dans le Nouvel Obs on-line du 12 février ; à quand un CSP – Conseil Supérieur de la Politique, pour s’assurer de la même honnêteté ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
12 février 2004