Chronique du 19 mars 2004

Allez, on la construit cette salle de sports ou on ne la construit pas ? Et la salle de spectacles ? Et le réseau d’eau et assainissement ? On le poursuit ou on ne le poursuit pas ? Et le bitumage des rues vérolées ? Et la piste de Miquelon ? Car se dire que les dossiers ne seraient pas prêts depuis le temps qu’on en dégoise a de quoi désarçonner le téléspectateur le moins cavalier.

Vingt millions d’euros auraient donc été débloqués, ce qui signifierait dix-sept millions de travaux réels si l’on en croit plusieurs interventions politiques de la majorité et de l’opposition, personne ne nous expliquant ce que deviennent les trois millions d’euros de différence. Or un chef d’entreprise ne déplorait-il pas l’absence de réponse pour 360 000 euros de subvention d’équipement souhaités pour l’achat d’un bateau de pêche – 360 000 euros « point-barre », comme il le soulignait ? Comment alors ne pas être perplexe sur les trois millions de fluctuation apparemment inéluctable ? Allez, on n’est pas à trois millions d’euros près ; il ne s’agirait alors que d’un engagement à la louche en attendant que la soupe soit servie ? Il ne s’agit tout de même pas de trois millions pour des études auquel cas je me mets à étudier tout de suite…

Mais l’électeur témoin n’est que trop souvent privé des tenants et des aboutissants, invité comme il l’est à se positionner dans des guéguerres de position qui lui échappent. Est-ce ce qui nourrit cette sagesse populaire que tout le monde veut prendre à témoin sans qu’on sache ce qu’elle cache vraiment ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
19 mars 2004