Chronique du 25 mars 2004

L’un dit : « le fret a augmenté » ; l’autre dit : « non, le fret n’a pas vraiment augmenté ». Le premier obtient le soutien d’un autre qui dit : « Oui, le fret a augmenté » ; mais le second a aussi son soutien gorge (à force de parler, il a la voix qui s’enraye, qui s’enraille, qui déraille, forcément) : « Non, le fret n’a pas vraiment augmenté ». Le soutien du premier est Maire ; le soutien du second est Président.

 Une chose est sû… est sûûûre, de commenter un siffleur de verre, prendre un p’tit fret coûte de plus en plus cher. Il y a un hic. Hic ! (le second « hic » est une onomatopée, comme tu t’en doutes).

Alors que l’on nous rabat les oreilles sur le passeport-mobilité et la continuité transatlantique, il semble que l’on soit incapable d’assurer la continuité intra-territoriale. Un comble ! Mais pourquoi nos ancêtres ont-ils jeté leur dévolu sur un Archipel, bordel de merde ? Ils n’avaient qu’à pêcher la morue dans les bas-fonds de l’Île de France ! Bercy serait aujourd’hui à nous et on n’en parlerait plus. Ah ! Balzac ne s’est donc pas trompé en faisant s’écrier son Rastignac : « A nous deux Paris ! ». Tu n’imagines pas Rastignac sur le Trépied ou le Chapeau, faisant de même avec Saint-Pierre et Miquelon. Il aurait eu à choisir entre le Trépied et le Chapeau, donc entre Saint-Pierre et Miquelon. Un choix cornélien, lourd de conséquences. Et un prix à payer, certainement.

Pourquoi Rastignac, me demanderas-tu ? Parce que je voulais éviter tout sujet bateau qui finit par nous les gonfler. Tu me diras qu’au moins on pourra flotter.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
25 mars 2004