Chronique du 26 mars 2004 (3)

« Des moutons dans Evreux, la ville de Jean-Louis Debré », découvris-je soudain en parcourant « voilà.fr » en ce petit matin du 26 mars 2004. Me voilà (normal) immédiatement décontenancé. Voici pourquoi.

Serait-ce donc à l’approche du deuxième tour des régionales ? me suis-je dit. Quel article osé ! étais-je prêt à m’exclamer.

Imagine un peu à Saint-Pierre et Miquelon, à la veille d’élections cantonales ou législatives (je ne parle pas des sénatoriales où les dindons sont d’avance connus) un titre de l’Echo des Caps du genre : « Les veaux sont dans l’Archipel » !

Mais non, il s’agit bien de moutons pure laine dans le cadre d’une reprise écologique d’une nature trop malmenée à l’intérieur des villes. Quoi ? demanderas-tu ? Il n’y avait donc pas assez de prés carrés ?

Cent moutons sont donc ainsi prévus histoire d’entendre de vrais bêlements, ce qui sera plus naturel, voire plus sain, tu l’avoueras. C’est vrai qu’on nous tond la laine sur le dos, soupirera peut-être un électeur, mais on se sentira moins seul.

J’entends déjà sur nos îles un curé s’épancher dans le secret de Dieu (formule singulière d’un monothéisme incontestable) : Ah ! Si toutes les brebis égarées pouvaient revenir dans Votre Bergerie, Seigneur ! Surtout qu’à brebis tondue, Dieu mesure le vent…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
26 mars 2004