Chronique du 6 mars 2004

– C’est qu’il leur faut des jeux, monsieur le Président…

 Ils n’ont plus la pêche ?

 Eh bien non, précisément… C’est pour ça qu’il leur faut une salle…

 Mais ils en font déjà tout un cirque…

 Il ne reste donc plus qu‘à construire autour monsieur le Président ; les gladiateurs sont prêts…

 Je vois que vous savez saisir la balle au bond, monsieur le conseiller particulier. Il y aura des gradins pour qu’on puisse les regarder ?

 Oui monsieur le Président.

 Avec une place qui me sera réservée si je leur rends visite ?

 Oui le Président.

 Et des caméras qui pourront m’encadrer ?

 Oui monsieur le Président.

 Le sujet mérite réflexion, en effet.

 Certains pourront se lancer la balle, d’autres pourront se fixer un but, rares sont ceux qui joueront sans filet…

 Ça se comprend… Mais dites-moi, qui essuiera les gradins ?

 Leurs honorables fessiers, monsieur le Président.

 Et les plâtres…

 Tout le monde, monsieur le Président.

 Qui assurera la lourde tâche de dame Pipi ?

 Beaucoup feront la queue, monsieur le Président ?

 Je n’en doute point. Et qui dirigera tout ça ?

 On trouvera bien là-bas quelqu’un de la balle, monsieur de le Président.

 A condition que ça ne fasse pas trop de foin, monsieur le conseiller particulier.

Tel était le dialogue dans un bureau feutré à Paris. Car tu n’imagines pas, ô lecteur à la sagacité intacte, qu’il ait pu se tenir à Saint-Pierre et Miquelon. Il est des lieux où ça paie plus qu’ailleurs, non ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 mars 2004