Chronique du 2 avril 2004

Cher lecteur

Tu auras peut-être remarqué que je me suis dispensé de tout poisson d’avril en cette année 2004. A cela quelques raisons :

 par respect pour ceux qui souffrent de la raréfaction du poisson. Ne leur en donner qu’un en guise de compensation me semblait aussi difficile à supporter que l’intégrale des discours de Raffarin ou la traduction des derniers borborygmes du Pape ;

 parce que nous vivons un coup d’état permanent du 1er avril avec toutes les baudruches de la diversification économique ;

 qu’une plaisanterie de longue durée – 364 jours sur 365, années bissextiles exceptées – me semblait plus salvatrice qu’une gauloiserie un jour J où il est permis de se faire entuber en disant « c’était une plaisanterie »;

 que l’intervention du Président de la République me semblait suffire pour nous dilater les badigoinces ;

 que plaisanter une fois par an me semble tout aussi passionnant que la journée de la femme ou la journée sans voiture ou sans tabac ;

 parce que la neige n’est pas suffisamment fendante, même si on se sent mieux depuis quelques jours ;

 parce que je ne voulais pas te mener en bateau, même si aujourd’hui, cela relève de la plaisanterie permanente.

Abordons donc le 2 avril avec enthousiasme en menant éventuellement le petit au cirque, histoire de le détendre.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
1er avril 2004