Chronique du 5 avril 2004

« Bleu qu’il est », disait-on à Saint-Pierre à la fin des années soixante. Jean-Pierre Raffarin avait beau arborer à l’Assemblée nationale des lunettes à montures bleutées en ce lundi 5 avril 2004, sa prestation n’aura été que bien tristounette. Car à ne plus être ni à gauche ni à droite, il ne peut plus être qu’ailleurs tout en étant toujours là, c’est-à-dire quelque part où il fait toujours sans doute beau. Sans doute aurait-il souhaité ardemment que les Français n’y voient que du bleu. Mais la ficelle était trop grosse et Jacques Chirac n’aura convaincu que lui-même.

Certes Jacquot l’aura assuré de toute sa confiance – auquel cas il devrait quand même faire gaffe – ; «homme de qualité, tout à fait en harmonie avec le cap» qu’il a «fixé en 2002» a déclaré le Président. A condition de revoir sa copie. Et son (difficile de dire « notre » en l’espèce) Raffarin de n’apparaître désormais que la chambre d’écho du gardien du cap, le capiston du capital.

Alors que le sort des intermittents du spectacle n’est pas encore réglé, avec de tels jongleurs, les Français ne risquent pas d’être privés de leur cirque quotidien. Ils ont au moins la certitude de n’obtenir que peau de balle.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
5 avril 2004