Chronique du 14 juin 2004 (2)

18,25% de participation à Saint-Pierre et Miquelon pour les Européennes. Les Verts arrivent en tête, l’UMP en deuxième position, la liste PS de Jean-Claude Fruteau en troisième. Mais devant une telle abstention, on retiendra la seule voix qui s’est portée sur la liste « je vote autrement », adéquation s’il en est entre le slogan et l’électorat.

La liste « Moins d’impôts, gérer utilement » n’a eu que… 0 voix, ce qui témoignerait d’une béatitude du bailleur de fonds ; avec 0 voix, « Pasqua la France en tête » l’a eu plus bas qu’il ne pensait ; « Vivre mieux avec l’Europe », avec « 0 » voix a peut-être révélé un certain scepticisme, le 0 voix étant alors plus porteur de signification que les 173 voix de l’UMP ; « la France d’en bas » – 0 voix – n’a pas été en phase avec notre réalité ultramarine ; la liste « France » – 0 voix – en était éloignée ; « non au racisme en Europe, en France c – 0 voix – était en décalage avec l’hospitalité insulaire ; les « socio-professionnels » n’auront eu que… 0 voix ; mais qu’est-ce qu’un socio-professionnel dans une économie qui périclite ?

Bruxelles aura donc fait chou blanc, un comble. Ne le devons-nous pas aux politiques qui auront pédalé dans la choucroute ? Le sentiment d’appartenance à un grand machin qui nous dépasse semble emporter inexorablement le destin de chacun vers un avenir qui le dépasse (normal, me diras-tu, vu qu’il est devant).

Et pourtant. Europe, dans son étymologie, ne désignait-il pas une déesse de la mer, une des Océanides, fille de Thétis et d’Océan ? Comme quoi, en creusant un peu, on aurait pu trouver une filiation avec le crabe des neiges.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
14 juin 2004