Toilettage ou lavage de cerveau ?

« Le statut a vingt ans, il a vieilli, il faut le toiletter », de déclarer Gérard Grignon, le député de Saint-Pierre et Miquelon dans une action surprise visant à mettre la question à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale.

Donc acte 1.

Le statut, admettons. Et les élus alors ?

Car il ne vient à l’idée de personne, semble-t-il, que la mise en œuvre du statut de 1985 dépendait d’abord et avant tout des responsables élus à cet effet. Les clivages n’auront-ils pas été la résultante des déchirements intestinaux et conflits d’ambitions souvent pitoyables ? La mutation de l’action politique vers le clientélisme et son acceptation complaisante de la part des administrés aura modifié profondément le rapport entre les insulaires eux-mêmes, élus ou pas. La suspicion est devenue de mise, l’enfermement procédurier une routine. Comment se plaindre d’une quelconque fatalité qu’il en soit ainsi ?

Plus qu’un toilettage de statut, l’Archipel a besoin d’un sérieux regard introspectif pour reconnaître ses dérives malheureuses et retrouver l’allant et l’élan collectif dont il a besoin. Il ne s’agit plus là d’un jeu d’écriture mais du courage nécessaire pour reconnaître ses travers et les surmonter.

Que cela aille jusqu’à la sanction des politiques par une population désireuse de retrouver sa fierté fait partie du possible. Mais une réflexion collective préalable approfondie est plus que jamais nécessaire, histoire d’éviter tout jugement à l’emporte-pièce.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
11 juin 2004