Chronique du 16 septembre 2004

Je ne te cacherai pas que l’été est terminé ; on ne va pas en faire un fromage, surtout que les fromages ont déboulé sur nos étals ce jeudi 16 septembre 2004. De quoi saliver non ? Comme nos quatre candidats à l’élection sénatoriale qui se sont déclarés pour que l’un d’entre eux puisse se retirer au bout du compte… dans un fromage précisément, histoire d’agrémenter nos balivernes entre la poire… et le fromage, bien entendu, à tel point que je ne résiste pas à l’envie de te citer une définition du mot « fromage » glanée dans le Petit Téton : « fromage : situation, place aussi avantageuse que peu fatigante », avec, à la clef, cet exemple : « Il a assez de relations pour obtenir un bon fromage ».

Ne s’agit-il pas en fait trop souvent – j’en appelle à ta gamberge – de chercher à se tailler du marigot en donnant l’illusion d’y rester ? Causez toujours, ça m’embonpointe, de se délecter un rat parmi d’autres du Palais du Luxembourg, comme celui de La Fontaine qui, s’étant retiré du monde « dans un fromage de Hollande », reçoit des requérants : « En quoi peut un pauvre reclus / vous assister ? Que peut-il faire / Que de prier le ciel qu’il vous aide en ceci ! / J’espère qu’il aura de vous quelque souci. »

Allez, il ne restera pas plus qu’à flatter l’heureux (l’heureuse ?) impétrant(e) car « Apprenez que tout flatteur / Vit aux dépens de celui qui l’écoute ; Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute », comme disait La Fontaine, le bougre.

A moins que l’incroyable n’arrive…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
16 septembre 2004