Chronique du 2 septembre 2004

Tourne ta langue sept fois dans ta bouche, méfie-toi des jugements trop hâtifs, ne confonds pas vitesse et précipitation, ce peut-ce?, quoi t’est-ce ?, eh bée…, voyons…., que de formulations d’une attitude si souvent oubliée : le temps est à la sagesse ce que la sagesse est à l’emporte-pièce ; tu en imagines d’autant plus la portée.

Bref, me voilà butinant comme un surfer inassouvi en quête de fulgurance. Et je tombe sur un article sur le site de cyberpresse.ca consacré à Stephen Harpen, leader conservateur canadien dont a priori tu peux te préoccuper autant que de ta dernière salade qui monte en graine.

Car le chef de file des conservateurs a constitué un nouveau bureau. La belle affaire, me diras-tu. « On s’amuse déjà à donner un nom à notre bureau. Certains l’appellent le Québec office, d’autres le Saint-Pierre-et-Miquelon», a commenté Josée Verner » lis-je comme un homme dans la foulée. (« Mme Verner est (chez les conservateurs, ndlr)critique responsable du développement économique des régions du Québec et de la francophonie)

On se fout de notre gueule ? m’interrogeai-je illico. (note le passé trop simple) Faut-il être à ce point conservateur qu’il faille en appeler à notre agrégat de rochers franchouillards pour souligner la futilité, voire la désespérance du propos ? Me voilà donc écrivant fissa au journaliste rapporteur. Oh divine surprise ! Le journaliste me répond (sympa le gars, je souligne au passage et respectueux du Turlupin que l’incertitude turlupinait) : « Ce que je crois que Mme Verner voulait dire, c’est que les Québécois sont un groupe qui représente une île dans une mer anglophone chez les conservateurs à l’heure actuelle. » La minorité revêtirait-elle alors les oripeaux du jeune David face à Goliath ? me dis-je. Du négatif anthracite voilà que je me trouvais soudain transporté dans la positivité la plus flamboyante !

Soyons donc libéral, en conclus-je et accordons-en le bénéfice aux conservateurs en priant Dieu que les Québécois fassent bloc, enfin.

Comme quoi, ô lecteur sagace, les adages ont toujours un fonds de raison que la déraison ferait mieux d’approfondir.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
1er septembre 2004