Chronique du 26 septembre 2004 (2)

Stupeur et tremblements, comme dirait Amélie Nothomb, pour la première fois dans l’histoire de l’Archipel, un maire de Miquelon accède au poste le plus convoité de la République, celui de sénateur, heureux gagnant du jackpot du Palais du Luxembourg, avec 19 voix contre 18 pour Karine Claireaux, au deuxième tour, au terme d’une élection qui aura bousculé tous les schémas habituels de la politique telle qu’on la connaît depuis des lustres, tous cirages de pompes et serrages de paluches confondus.

L’édile de la grande île aura ainsi bénéficié des déchirements de la majorité au Conseil général et à la mairie du chef-lieu dans la lutte fratricide entre le président du Conseil d’une part et la maire de Saint-Pierre d’autre part. Il suffisait alors de guetter à l’orée du bois comme pour se garantir sa petite part de chevreuil, les cornes étant fort généreusement abandonnées aux deux grands perdants de la joute électorale.

Qu’adviendra-t-il demain ? Une lutte sans merci fort probablement entre deux adversaires, hier si proches et qu’aujourd’hui tout sépare. Certes, la maire de Saint-Pierre a pris une claque ; mais la traversée du désert fait aussi partie du cheminement de qui cherche à se ressourcer. L’opposition représentée par Cap sur l’Avenir et Archipel Demain saura-t-elle travailler de concert pour préparer la future symphonie ? La quête du chef d’orchestre fera partie des défis à relever.

Quant au maire de Miquelon, il pourra se dire qu’il lui appartient désormais de mettre en œuvre une vision au service de tout l’archipel, son élection étant la résultante d’une extraordinaire convergence inopinée.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
26 septembre 2004