Chronique du 1er octobre 2004

Allez, disons-le toute de suite, changer d’avis, tirer les leçons de l’expérience, font partie somme toute et soustractions comprises de la vie normale en politique. Que le maire de Saint-Pierre, deuxième vice-président du conseil général, ne suive plus l’équipe à laquelle elle aura appartenu, peut se comprendre. Mais alors. Comment comprendre qu’à partir du moment où il en résulte une « bande » avec son chef d’un côté – pour reprendre les termes de l’éditorial du maire de Saint-Pierre dans l’Echo des Caps du 1er octobre 2004 – et un « petit camarade » dissident de l’autre, celui-ci n’ait tout simplement pas en temps utile tourné clairement la page, aux yeux du voisinage, pas dupe des faits et gestes de la bande en question ? Là eût été le panache.

Car en acceptant l’idée qu’une partie de la bande, unie autour du chef, puisse tourner aussi casaque, n’était-ce pas participer à une autre forme de « mauvaise pièce », comme il est reproché à l’encontre du maire de Miquelon, normalement élu sénateur par le jeu ordinaire de ce type d’élection qui repose inéluctablement sur des tractations entre grands électeurs ? La pièce, il est vrai, n’est pas terrible, mais quel que soit le lieu de sa représentation, le peuple en est exclu.

Car une bande menée au doigt et à l ‘œil peut-elle être qualifiée de « gauche » par celle qui aurait alors adroitement profité de son éclatement ? Si « bande » il y a, peut-on encore parler de mouvement politique ?

A ce stade – remarquons qu’en première de couverture de l’Echo des Caps, il est question de football, la tronche du nouveau sénateur étant aux abonnés absents -, s’agit-il encore de politique ?

Car enfin, comme le conclut l’éditorialiste, « ça n’est jamais qu’une histoire… »

Et comme ajouterait un artiste québécois, « peut pas m’en faire accroire… »

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
1er octobre 2004