Chronique du 26 octobre 2004

La nouvelle m’était passée sous le nez, si je puis dire. Un Normand a inventé la pilule qui parfume les pets, pouvions-nous apprendre dès le 19 octobre 2004.

« Partant du constat qu’un pet est généralement malodorant, Christian Poincheval, un Normand d’Alençon (Orne), vient de créer une pilule pour parfumer les vents intestinaux d’une douce senteur de menthe ou d’estragon », nous dit l’Associated Press. A noter qu’il eût pu s’appeler Poindevache (le pet de vache étant à la couche d’ozone ce que la politique locale est à l’énergie insulaire). Mais on ne choisit pas son patronyme, sauf si l’on est artiste.

Que la compagnie qui ait eu le nez creux soit Floralpina, à la Flèche (Mayenne), peut nous laisser rêver aux futurs palliatifs aux odeurs d’urine. Quoi qu’il en soit, la décision, dans l’immédiat, ne manque pas d’air.

Imagine, ô lecteur olfactif, le marché qui se débouche pour tout importateur sensible à l’air du temps ! Dans une collectivité passée maître à flairer le moindre pet de travers, tu sens les bénéfices potentiels ? Alors que l’archipel s’obstine à aller au pet, voilà un traitement purificateur promis à un brillant avenir.

Quel plaisir soudain de quitter le boulot à 18 heures pétantes ! (pour ceux qui lâchent tout à 18 heures) Quelle joie de se mettre en pétard toute la journée, histoire d’attendre la délivrance ! Quelle humanité enfin dans le respect généralisé du premier pété venu ! Quelle extase dans la moindre pétée ! Quelle dérision pour qui s’obstinerait malgré tout à péter plus haut que son cul ! (attitude somme toute si humaine, quelle que soit l’odeur) Ah le bonheur renouvelé de péter la santé ! Que le péteux fraîchement débarqué soit le bienvenu ne pourrait que bonifier notre tradition hospitalière. Plus question de ne plus sentir celui qui se pète la gueule ! Chapeau bas devant le pète-sec ! Bravo à qui se pète la sous-ventrière ! Ah le bonheur de péter la faim, de péter le feu !

Saint-Pierre et Miquelon redécouvrirait enfin la pureté de l’air si longtemps confinée à l’idée qu’on s’en fait à vue de nez…

Au lieu de ne plus pouvoir sentir personne.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
26 octobre 2004