Chronique du 27 octobre 2004

A un moment de l’année où l’actualité judiciaire fait une nouvelle fois écran cathodique – le président du Conseil général figurant sur le banc des prévenus dans le cadre d’une affaire de favoritisme dans l’attribution de marchés publics -, Saint-Pierre et Miquelon ne risque-t-il pas de sombrer tout bonnement dans la mer des sarcasmes ?

Aussi éprouvé-je, ô lecteur d’aventure, le besoin de te livrer une nouvelle fois ce « cri du cœur » du… 23 mai 1990. Eh oui ! Le temps passe et ne fait rien à l’affaire, comme si le ridicule devait s’inscrire inéluctablement dans nos armoiries.

Mais résistons au pessimisme. Il se trouvera bien un jour un équipage pour hisser l’honneur au mât de misaine.

 Qu’est devenu ton arrogance

 A vivre en dépit de la France

 A vivre en dépit de ses rois

 Qui s’en foutaient de ton patois

 Qu’est devenu ton verbe haut

 Ta vie ton parler matelot

 Qu’est devenu sur ton caillou

 Le coup de sang des gargouillous

 Qui ras-le-bol de leur cuisine

 Chantonnaient sous des mains mutines

 La liberté de leurs ébats

 Volée aux prêtres d’ici-bas

 Qu’est devenu ton idéal

 De vie sans être le féal

 De la manne que l’on dispense

 Pour acheter ta dépendance

 Qu’est devenu le matelot

 Qui trimait sa peau sur les flots

 Qu’est devenu ton devenir

 Pour n’être plus qu’un souvenir

 Du gars campé dans ses cuissardes

 Cliché figé dans sa mansarde

 Pendant que son âme s’enterre

 Dans le tombeau des ministères

 Qu’est devenu ce fier courage

 Coin de ciel bleu dans les orages

 Quand ballotté dans la tempête

 Tu savais redresser la tête

 Que deviendra ta descendance

 Si tu n’es plus qu’une apparence

 Ecoute-moi

 Ma voix se meurt

 De ta torpeur

 Ressaisis-toi

 Si tu désires

 Notre avenir

(Extrait de Confidences insulaires, chanson écrite le 23 mai 1990)

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
27 octobre 2004