Chronique du 7 octobre 2004

«Le destin conduit qui y consent, a dit Sénèque, il entraîne qui résiste» (Attention, te goure pas, Sénèque n’a jamais entendu parler des sénatoriales à Saint-Pierre et Miquelon – et ça change de citer Sénèque plutôt que Pascal vu qu’on n’est pas à l’Echo des Caps et qu’il n’a pas dit comme Coluche : « Je rappelle qu’aux échecs, si la victoire est brillante, l’échec est mat !).

Sans doute notre maire, qui est sur terre, aurait tout intérêt à méditer cette parole stoïcienne, suite à la débâcle électorale de la dernière joute. Le sort s’est retourné contre elle et ses anciens compagnons du Conseil général ne peuvent que lui faire payer cher sa dissidence. Haro sur la tête de mule ! Elle aurait pu gagner, la mairesse – pourquoi on ne dirait pas mairesse ? -, mais elle a perdu.

Le statut spécifique de maire la fragilise. Un succès au Sénat lui aurait permis d’échapper aux contingences financières de l’indemnité de deuxième adjoint, compensant la position inconfortable de l’édile ; être le premier magistrat d’une commune ne rapporte que des clopinettes. Qu’adviendra-t-il si des mesures de rétorsion la privent de l’apport lié à son mandat au sein de la principale assemblée de la Collectivité qu’est le Conseil général ?

Il est à regretter que le peu de cas accordé aux Maires de France puisse les mettre dans une position souvent intenable ; être maire de Saint-Pierre est à la fois être à la disposition des citoyens mais aussi à la tête d’une des plus grosses entreprises de l’Archipel en relation directe avec 6000 clients-actionnaires exigents. Qui accepterait autant de responsabilités aujourd’hui pour des prunes ? (même si les prunes sont rares, surtout quand elles sont juteuses) Il faudrait donc revoir tout l’organigramme du suivi municipal, dans le sens d’une démocratie plus participative ; mais est-ce possible quand tout nous enseigne à nous délester de nos charges sur des spécialistes qui s’en occupent ?

Il ne s’agit plus de rêver en couleurs, bien que cela puisse faire du bien par temps de grisaille.

Au-delà des soubresauts récents au sein du microcosme représentatif, il y va de la bonne gestion des affaires publiques, au service de tous.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 octobre 2004