Chronique du 27 novembre 2004

As-tu remarqué que les politiques ont le chic (voire le choc) des mots ? Passeport mobilité, baisse des prix, développement durable…

Bienvenue donc, à dater du 1er décembre 2004, au dispositif de continuité territoriale promis par la ministre de l’Outre-Mer en février 2004.

Soulignons au passage (le mot n’est-il pas approprié?) que pour le moindre pépin inopiné entraînant un déplacement de dernière minute vers la Métropole (comme on dit), ça te coûtera 1700 euros aller-retour. Qu’un proche vienne à défaillir et tout ton compte en banque vacille.

Faciliter les déplacements des Français ultramarins, contribuer au développement économique, favoriser le bien-être social et culturel, que de principes généreux pour une aide qui, au bout du compte, se soldera à 111 397 euros ! D’où la nécessité pour le Conseil général de définir des critères d’attribution. Vers qui se dirigera la grogne des espoirs inassouvis ? Je te le donne en mille (euros).

Chacun pourra donc bénéficier d’un remboursement de 260 euros – ou de 200 euros s’il n’a pas perdu ses derniers boutons -, pour la moindre folie, bergère, sur les rives de Pantruche. A condition de ne pas avoir bénéficié d’un autre billet gratuit dans l’année ou de la prise en charge d’un autre organisme.Pas de plafond de ressources dans la balance. « C’est pas parce qu’on paie des impôts qu’on n’a pas de charges », de souligner fort judicieusement Marc Plantegenest, président du Conseil général. En la matière, reconnaissons que l’Assemblée locale aura fait preuve de sagesse dans la limite des moyens alloués.

Car n’aurait-il pas été plus ambitieux – si tant est qu’on veuille assurer un véritable développement pérenne (j’aime cet adjectif qui fleurit dans la bouche des politiques) – d’assurer une véritable compensation dès qu’on met le pied dans un avion ? Le résident de l’Île de Groix n’a-t-il pas un tarif préférentiel dès qu’il doit gagner la côte lorientaise ?

Les grands principes ne sont-ils pas immédiatement accompagnés de comportements chiches qui ne font pas le poids ? Mais le ministère de l’Outre-Mer (le pauvre !) avait-il la possibilité de faire plus ? Convenons donc que l’avancée est un premier pas. L’affaire sera dans le sac quand les prix ne seront plus les seuls à prendre leur envol.

Allez enfants (de la patrie) ! Dans l’attente des grandes envolées lyriques et dans la continuité territoriale des traditions qui constituent le fonds immuable des patrimoines, celui qui n’aura pas la possibilité de voyager du tout sera le seul à faire de véritables économies.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
26 novembre 2004