Chronique du 30 novembre 2004 (3)

Le départ de Nicolas Sarkozy du ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie a donné lieu à un remaniement gouvernemental en forme de jeu de chaises musicales », nous apprend Reuters en ce 29 novembre 2004.

Pour les grandes partitions certainement. Mais en mesure-t-on la portée cacophonique ?

« Le gouvernement “Raffarin IV” compte 40 ministres, au lieu de 41 précédemment, et aucun n’a le titre de ministre d’Etat, qui était réservé à Nicolas Sarkozy », apprend-on encore.

Normal. Quand on voit dans quel drôle d’état le ministre d’Etat a pu mettre son patron.

« Humiliation » souligne Libération dans son édition du 30 novembre. « La nomination d’Hervé Gaymard, ancien ministre de l’Agriculture, au ministère des Finances est à cet égard très symbolique. Le duo exécutif veut montrer à l’ambitieux Sarkozy qu’il n’est pas si doué qu’il le croit puisque n’importe qui même une figure guère connue du grand public peut le remplacer. » Tant qu’à se coltiner un patronyme, vaut mieux, cher lecteur, ne pas s’appeler Hervé Gaymard. Ne risque-t-il pas, vu son cursus politique, d’en avoir lourd sur la patate ? Mais non, mais non. Hervé Gaymard est un homme fidèle.

« Douste, nous précise encore Libération, voit son portefeuille élargi aux Solidarités et à la Famille, piquée à l’inexistante Marie-Josée Roig qui rétrograde au rang de ministre déléguée à l’Intérieur. » A l’extérieur de l’intérieur en quelque sorte, c’est-à-dire, quelque part, mais où ? Surtout que « Dominique de Villepin ne voit certainement pas d’un bon oeil d’avoir récupéré Marie-Josée Roig au ministère de l’Intérieur » Avec des potes pareils, vaut mieux préparer ses cartons, non ?

Thierry Breton, PDG de France Telecom « aurait refusé pour des raisons financières, n’étant pas prêt à lâcher son mirobolant salaire de patron pour passer quelques mois au poste de ministre de l’Economie et des Finances. » Ah ! Cette tête de Breton !

Douste risque de ne pas être content. Il « avait déjà fait ses cartons pour Bercy. » Blasé le Douste ?

« Xavier Darcos, ministre délégué à la Coopération, se voit souffler sous le nez le ministère de l’Agriculture qu’il briguait. » N’aurait-il pas été plus approprié de dire qu’on lui aura coupé l’herbe sous les pieds. Mais il ne dira rien, rassurez-vous ; il a de l’éducation, le pauvre.

Bref, avec une équipe comme ça, peut-on espérer faire aussi bien que l’équipe de France de foot ? Surtout quand on ne sait plus dans quel camp se trouve la balle.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
30 novembre 2004

N.B. Notre ministre de l’Outre-Mer garde toujours la clef de son sol. Ça c’est d’la musique…