Chronique du 25 décembre 2004

Joyeux Noël, chers lecteurs. Allez, je ne vais pas la jouer à la Bush qui souhaite « Joyeuses vacances » aux journalistes lors de sa conférence de presse de fin d’année, de peur de froisser ceux qui ne croient pas au Père Noël (ou au Petit Jésus, son petit frère) et qui réservent son « Joyeux Noël » aux soldats américains qui ont les boules en Irak.

Tiens, je te mets une photo de Saint-Pierre, prise en ce 24 décembre 2004. Comme tu le remarqueras, il n’y a pas de neige. Ou tout a été déneigé sans qu’on s’en rende compte, ou la neige n’est pas tombée, ce qui est plus probable. As-tu remarqué d’ailleurs que plus on en parle, moins il y en a. Miracle ! s’écrieront certains. C’est la planète qui se réchauffe, commenteront d’autres. Bon. Qu’il n’y ait pas de blanc manteau en cette nuit où le foie gras sera de mise n’empêchera pas de se rincer la glotte en écoutant « Minuit Chrétiens… » Car du foie gras, on en trouve, du local, je te dis. Et du bon ! Et du saumon fumé. Et de la coquille Saint-Jacques… Et le champagne ! Lui on l’importe et même les bulles sont taxées, au prix fort.

Pas de neige donc. Mais le petit Jésus n’est pas né en Amérique du Nord, que je sache. Et la crèche en papier sous un sapin avec des boules, c’est venu plus tard.

Allez les huîtres ! Allez les dindes, allez… (Elles viennent du Canada)

A part ça, c’est pas la joie en Irak. Mais Bush est très content de lui. Il l’a dit à Dieu, qui ne l’a sans doute pas écouté. Car Dieu, s’il existe, il exagère (ça te fait pas penser à une chanson ?) de laisser un tel spadassin se réclamer de son nom. Mais d’autres s’en réclament aussi, pas plus reluisants, qui ne croient pas au petit Jésus.

Allez, de cette saga du nouveau-né dans une étable, il n’y a guère que l’âne et le bœuf auxquels on peut croire sans trop se gourer. L’âne pour avoir du son, bien sûr et le bœuf entre zycos en goguette, un 31 décembre, pourquoi pas. Parce qu’il ne faut pas trop abuser à Noël, il faut tenir jusqu’à la fin de l’année. Faut pas être cloches, tout de même.

Tu remarqueras que je n’ai rien dit de la Vierge Marie, eu égard au conte jojo, mon cher Joseph, de sa prétendue virginité. Je ne voulais surtout pas choquer les culs bénis.

Joyeuses fêtes, finalement, et que l’arche de Noé continue de voguer sur l’océan des illusions célestes.

Bonne nouvelle pour terminer. En fin d’après-midi, le temps s’était gâté, avec du brouillard pour changer.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
24 décembre 2004