Chronique du 27 décembre 2004 (2)

Parmi les phrases à la con qui viennent émailler le quotidien de nos cervelles en veilleuse, en voici une, venue d’un site commercial : « Le Père Noël vous a déçu cette année ? Vendez vos cadeaux et achetez ce dont vous avez vraiment envie ». T’as pas envie de gerber, toi ? N’est-ce pas oublier que ce qu’il y a de plus beau dans un cadeau c’est le geste lui-même qui le sous-tend ? Si celui qui reçoit n’a pas d’envie particulière, celui qui offre est porté au moins par l’envie de faire plaisir. Imagine que tu me fasses un cadeau et que je le brade illico… (bon, le cadeau, c’est une supposition) Tu serais alors en droit de te dire : Celui-là, ce n’est pas un cadeau ! Et tu ne m’en ferais plus, ça c’est sûr.

C’est la raison pour laquelle, tu remarqueras au passage, les politiques entre eux ne se font pas de cadeau. En faire un, ce serait déjà se fendre en se les brisant (un comble !). Mais si celui à qui on offre une petite gâterie en profite pour marchander, ne court-on pas le risque de se sentir baisé ?

Comme quoi vaut mieux ne pas croire au père Noël ; personne ne sera déçu.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
27 décembre 2004