Chronique du 10 janvier 2005 (2)

Dans un ouvrage intitulé « Les bâtards de Voltaire », le romancier et essayiste canadien John Saul écrit : « nous avons gagné l’illusion que chaque jour est un nouveau jour, que chaque projet peut être discuté comme si c’était la première fois. Cependant, ce n’est qu’une illusion. Aujourd’hui n’est pas un nouveau jour. Le bon sens nous dit que c’est à la fois celui qui suit hier et celui qui précède demain. »

Le premier élu à serrer la main du nouveau préfet à son arrivée samedi 8 janvier 2005 était… le président du Conseil général. Mais les pages qui s’écrieront demain – si tant est qu’on en fixe la mémoire – peuvent-elles faire abstraction des pages (écrites ou pas) d’hier ? Les acteurs de notre grande pièce collective quotidienne à guichets fermés peuvent-ils ignorer l’historique des rapports Etat-Collectivités récents ? Jetteront-ils un voile pudique sur les entrechoquements intimes ?

La continuité de l’histoire ne peut faire fi d’un passé qui ne peut se réinventer. Des questions de fond étaient sous-jacentes aux rivalités dont chacun put percevoir l’écume. Elles seront là demain, dans le ferment d’aujourd’hui nourri de la matière d’hier, dans un perpétuel recyclage de l’action humaine.

L’Archipel peut-il s’attendre à une régénérescence ? La mémoire sera nécessaire pour suivre les évolutions en latence.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
10 janvier 2005