Chronique du 11 janvier 2005 (2)

Justice pour tous ? Justice de classe ? Justice de caste ?

Etrange impression que celle qui émanait de l’audience solennelle de rentrée au Palais de Justice de Saint-Pierre le 10 janvier 2005.

Grand absent de la salle, le peuple. Omniprésent, le « gotha » de l’Archipel. Aux premiers rangs de celui-ci, le président du Conseil général, concerné par un jugement en cours, vu qu’il fait l’objet d’un appel, sur une affaire de favoritisme dans l’attribution de marchés publics. Mais pourquoi après tout être absent de ce genre de grand-messe alors que l’intéressé peut se considérer comme non-coupable tant que le jugement en appel n’aura pas été rendu ? Paradoxalement, son absence aurait pu être mal interprétée. Ne sommes-nous pas théoriquement dans une société où l’on est présumé innocent tant que la justice n’est pas allé au terme de sa procédure ? Reste que l’image transmise par les médias est troublante auprès des téléspectateurs qui ne s‘embarrassent pas forcément de ce genre de subtilités.

Pourquoi alors ne pas organiser ce genre de rentrée solennelle avec des invités tirés au sort sur la base des registres qui servent à déterminer ceux qui feront partie des jurys d’assises ? La démarche gagnerait en solennité, voire même en lisibilité.

Car croire en la justice est d’autant plus important aujourd’hui que nous sommes entrés à Saint-Pierre et Miquelon dans une ère procédurière où l’on requiert l’avis du « bonnet carré » pour la moindre affaire qui ne tourne pas rond.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
11 janvier 2005