Chronique du 25 janvier 2005

Alors là je m’ébaubis !

N’hésite surtout pas, ô lecteur cyclique, à te saisir de ton dico s’il n’est pas (le fut-il ?) recyclé.

Voilà qu’un commissaire enquêteur remet son rapport sur le traitement des déchets à Saint-Pierre ; l’avis tombe ; il est favorable, au prix de quelques ajustements.

Ont répondu à l’enquête publique : 30 personnes !
Sur 6300 et quelques…

Pourquoi ? On s’interroge.
Mais on n’en vient pas une seconde à la conclusion qu’il est impossible de remettre une conclusion sur la base d’une participation démocratique qui n’a pas eu lieu. Imagine que notre Jacquot national – toutes proportions gardées – ait élu avec 281818 voix sur 62 millions de Français, pourrait-on considérer qu’il puisse représenter la volonté populaire ?

Car ceux qui ne se sont pas exprimés se sont tus ; et ils se sont tus, c’est qu’ils n’ont rien dit ; donc difficile de dire ce qu’ils auraient pu dire s’ils avaient dit quelque chose.

Question : est-ce que l’approche n’était pas trop technocratique ?

N’assiste-t-on pas à un découplage entre ceux qui se prétendent être les tenants du pouvoir (la plupart du temps non démocratique, puisque ne résultant pas de la consultation populaire, mais tout simplement d’un système qui s’auto-reproduit) et le peuple qui ne se retrouve plus dans la société réinventée autour de tapis verts qui lui sont inaccessibles ?

Emettons l’hypothèse que l’incinération soit la meilleure (ou la moins mauvaise) des solutions. Mais quelle que soit la façon de traiter nos déjections, n’avons-nous pas la démonstration d’un vrai naufrage démocratique ? Plus terrible encore, la vérité vient-elle forcément du plus grand nombre quand on se souvient que le nom commun « poubelle » vient du patronyme du type qui tout seul l’avait imaginé, du temps où l’on s’embourbait encore dans la merde de Monfaucon?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
25 janvier 2005