Chronique du 6 janvier 2005

Les drapeaux de l’Archipel étaient en berne le5 janvier 2005 par solidarité avec les populations touchées par le cataclysme du 26 décembre 2004. La mondialisation de la perception touche donc les coins les plus reculés, télévision oblige et Saint-Pierre et Miquelon n’y échappe pas.

Plus que jamais toutefois, la force des images imprègne les sensibilités, influence la raison, voire malmène cette dernière. L’élan de générosité des pays occidentaux n’aura jamais eu cette ampleur. Mais la décision de Médecins sans Frontières de ne plus accepter de dons, la somme déjà versée étant considérée comme suffisante pour la réalisation des objectifs ciblés de l’association, est l’occasion de reprendre ses esprits. « Il y a le temps de l’émotion, de la couverture en continu de la catastrophe, de la répétition quotidienne des images de la vague, les alignements de cadavres, de souligner Jean-Hervé Bradol, président de Médecins sans Frontières, dans Le Monde du 6 janvier, et il y a le temps des secours et de la façon de secourir ». Tenir les engagements en fonction des dons effectués, éviter de détourner leur utilisation, tels sont les soucis louables exprimés. « On montre des blessés, des gens sans abri à secourir immédiatement. En même temps, on parle de reconstruction. Ce n’est pas la même chose ! » de préciser encore le responsable de l’association humanitaire.

Tant il est vrai que le flot continu des images, les interventions télévisées de tous ordres, peuvent venir perturber la nécessaire réflexion, face à toutes les situations difficiles, les plus ultimes en particulier.

Ne pas se laisser gouverner uniquement par notre sensibilité immédiate, mais agir en intégrant les contradictions inéluctables, voilà qui n’est pas évident. Avoir un regard clair sur les événements de notre quotidien de proximité n’est jamais facile ; à l’échelle planétaire, l’être humain aborde d’autres rivages.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 janvier 2005